
Né le 9 juin 1935 à Izieux (Loire), diocèse de Lyon
Ordonné le 30 juin 1963
1963-1964 : à Lyon, année pastorale
1964-1965 : à Pont-Rousseau, professeur au petit-séminaire
1965-1972 : à Abengourou (RCI), en paroisse
1972-1973 : à Chamalières, supérieur du noviciat
1974-1976 : à Abengourou, responsable du secteur de Yakassé
1976-1977 : à Zinder (Niger), curé
1978-1980 : à Agnibilékrou (Abengourou), curé
1980-1982 : à Téhibi-Bouna (Abengourou), curé
1982-1983 : à Bongouanou (Abengourou), curé
1983-1988 : à Téhini-Bouna (Bondoukou, RCI), en paroisse
1988-1989 : à Lyon-150, année sabbatique
1989-1991 : à Niamey (Niger), présence en quartier
1991-1999 : à Sandégué (Bondoukou), curé
1999-2000 : à Arcens (Viviers), année sabbatique
2000-2001 : à Doropo (Bondoukou), reponsable
2002-2003 : à Chaponost, animation missionnaire
2003-2013 : à Saint Christo en Jarez, en paroisse
2014-2024 : à Montferrier, résident et organiste






Homélie pour Pierre Jaboulay. 26 juillet 2024. Montferrier
Nous avons gardé les textes liturgiques de ce jour, en la fête de Saint Jacques. La première lecture traduit les sentiments missionnaires de St Paul. Je fais le lien avec ceux de notre frère Pierre qui les a manifestés au cours de ces 61 ans de vie sacerdotale, en Afrique comme en France.
Paul est conscient de sa faiblesse et en même temps il sait que le Christ a besoin de lui pour l’annoncer.
Pour Paul, le missionnaire est un vase d’argile, vase fragile. Il fait l’expérience de sa fragilité au quotidien de sa vie. Souvent incompris, il continue sa mission avec courage et persévérance parce qu’il croit fermement que la Parole qui l’habite est un trésor. Un trésor qui est la puissance même de Dieu et dans lequel il puise sa propre force.
Cette conviction de Paul, je la retrouve chez Pierre lorsqu’il veut consacrer sa vie aux Missions Africaines et je le cite « je veux être membre des Missions Africaines dans une obéissance absolue aux Constitutions, aux supérieurs, toujours avec le sourire, quelles que doivent être les situations ».
Le sourire en toutes situations, il l’a eu comme l’expression de sa musique intérieure révélant la beauté harmonieuse du trésor qu’il portait en lui. Le poète dit que « le sourire est la musique de l’âme »
Par contre, il relativisera l’absolu de son obéissance aux supérieurs à qui il disait avant une nomination qu’il pressentait classique : « je veux être ailleurs et autrement ».
« Ailleurs et autrement », voilà deux mots qui le caractérisent parfaitement
« Ailleurs », c’était son lieu favori pour réaliser sa vocation missionnaire en accord avec ses convictions intérieures comme une note de musique ne peut être vraie que si elle est placée sur la portée.
Il a aimé cet « ailleurs » qu’il trouva en Côte d’Ivoire pendant 28 ans ou au Niger pendant 3 ans. Cet « ailleurs » devenait son domicile itinérant. Il disait « je suis du genre SDF, si j’étais en Europe, j’aurai acheté une caravane ». Il souriait à l’idée de ce que pensait son entourage : « vous allez dire que je suis instable mais le Seigneur a voulu cela pour me réveiller et me convertir. »
Dans cet « ailleurs » il veut vivre « autrement ». J’ai eu personnellement la chance de vivre cet « autrement » avec lui à Niamey. Jeune missionnaire, j’adhérai vite à sa façon originale d’être missionnaire. Nous avons fui les grands bâtiments de la mission catholique pour louer dans un quartier périphérique, un deux pièces dans une grande cour appartenant à un Iman musulman.
Nous avons vécu au plus près de ceux qui nous accueillaient, partageant le quotidien de ce qui faisait leur vie. Assis sur la natte, nous écoutions, nous regardions, nous échangions, nous découvrions une culture islamisée sans porter de jugement, nous accueillions la différence comme une richesse et un bienfait. J’ai beaucoup appris avec lui et de lui sur la façon d’ « être avec ».
Cette façon d’ « être avec », je l’ai à nouveau retrouvé ici dans cette communauté devenue la sienne depuis une dizaine d’années.
Lorsqu’il accompagnait les chants de la communauté, il n’imposait jamais la note du départ. Ce n’est pas lui qui donnait le ton. Il a toujours laissé la communauté commencer à sa guise et à force de l’écouter, il entrait progressivement dans le rythme de la communauté avec respect, sans la bousculer, sans lui faire de reproche. Talentueux en musique, il réussissait dans cet exercice musical difficile combien plus savait-il « être avec », dans l’exercice de son ministère de présence.
Sans le vouloir, au contact de ce peuple, il était devenu mon maître de novice alors que lorsqu’il le fut à Chamalières, enfermé dans la maison centenaire, il s’était énormément ennuyé.
Nous prenions un temps long et très long pour la prière derrière l’armoire en fer de la cuisine car disait-il : « On ne peut bien enseigner ses frères que si soi-même on essaie d’être davantage près de Dieu. Car c’est Dieu qui fait tout en somme ».
Il voulait devenir un moine missionnaire sans faire le vœu de stabilité. Mon noviciat n’a pas duré car il entendit assez vite l’appel d’un autre ailleurs à Sandégué.
Dans l’Evangile que nous avons lu, on s’aperçoit que le royaume se bâtit d’humilité et d’abaissement. Le Christ nous dit « Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur ». Pierre l’avait bien compris. Partout il a été ce serviteur humble, proche des gens ayant appris leur langue avec beaucoup de facilité pour mieux les aimer.
Charles de Foucauld qu’il admirait disait : « Evangéliser ses frères humains par charité c’est d’abord les servir, et servir chaque personne telle qu’elle est. »
Un ancien séminariste, qui a connu Pierre au Noviciat lui rendant hommage écrivait : « Pierre était la joie de vivre et la simplicité… Il entre aujourd’hui dans le grand orchestre des anges du ciel. »
Oui ! Que le Seigneur, Le Maître de chœur céleste, le fasse chanter éternellement. Amen.
Michel Cartatéguy.