Société des Missions Africaines – Province de Lyon
Le Père Élie COCHO
né le 31 mai 1932 au Puy en Velay
dans le diocèse du Puy
membre de la SMA le 14 février 1958
prêtre le 255 juin 1958
décédé le 23 septembre 2014
1959 Duékoué, Guiglo (Man), vicaire
1959-1968 Bouaflé (Daloa), vicaire
1968-1970 Sinfra (Daloa), responsable
1970-1973 Chamalières, économe
1973-1976 Bouaflé (Daloa), responsable
1976-1981 Daloa, responsable Cathédrale,
St Joseph et CAD
1981-1986 Lyon, année sabbatique puis procureur
1986-1988 Issia (Daloa), vicaire
1988-1993 Sinfra (Daloa), responsable
1993-1999 Baudonne, procureur
1999-2009 Lyon 150, année sabbatique, accueil
2009-2014 Montferrier, maison de retraite
décédé à Montferrier-sur-Lez, le 23 septembre 2014,
à l’âge de 82 ans
Le père Elie Marc COCHO (1932-2014) Originaire du Puy en Velay, au cœur de la Haute-Loire, il naît le 31 mai 1932 ; il a un frère plus âgé que lui. Son papa était employé à la SNCF, ce qui explique que, plus tard, Élie racontera volontiers des histoires de cheminots, pour la plus grande joie de ses confrères. Après ses études primaires à l’école Saint-Norbert, au Puy, il commence ses études secondaires à la manécanterie Notre-Dame, toujours au Puy en 1943. Trois ans plus tard, il entre au petit séminaire des Missions Africaines, à Chamalières et rejoint Pont-Rousseau en 1946. Là, il obtient le BEPC et la première partie du baccalauréat. Il va alors à Chanly et fait son premier serment en juin 1954. Après le noviciat, où il occupe les fonctions de sacristain, il peut rentrer directement au grand séminaire de Lyon, sans passer par le service militaire. Il est en effet réformé à cause des séquelles d’une pleurésie qu’il a contractée lorsqu’il était à Chamalières.
Ordonné prêtre en juin 1958, il est l’un des rares confrères à être nommé en Afrique sitôt après son ordination : il reçoit la nomination suivante : « Le Conseil provincial vous met à la disposition de son Exc. Mgr Rouanet pour le diocèse de Daloa » (29/07/58). Il passe sa première année de mission à Guiglo et Duékoué, à l’ouest du Bandama, aujourd’hui dans le diocèse de Man. Il faut préciser qu’à cette époque, le diocèse de Daloa s’étendait à l’ouest jusqu’aux frontières du Liberia et de la Guinée, le diocèse de Man n’ayant été fondé qu’en 1968. Dès la fin de l’année 1959, il est nommé vicaire du père Savéan à Bouaflé. Le père Savéan, arrivé en Côte d’Ivoire en 1937, était responsable de Bouaflé depuis 1940 et le restera jusqu’en 1972 (32 ans!). Élie est aussi chargé de la direction des écoles privées catholiques de la mission : surveiller le travail des maîtres et les connaissances des élèves, veiller à l’enseignement du catéchisme, le faire dans certaines classes, pourvoir aux fournitures scolaires, collecter les scolarités… tout un travail de grosse responsabilité, quand on connaît l’importance de l’école dans un pays en voie de développement. En 1967, durant son congé, il participe à la session de Chartres, reprise spirituelle et intellectuelle à la fois, qu’il trouve fort intéressante et dont il apprécie l’ambiance très bonne et fraternelle. 1967, c’est aussi l’année des noces d’or de ses parents ; ils fêteront leurs noces de diamant (60 ans) en 1977.
Il est nommé responsable de Sinfra en 1968. Mais dès le début de l’année 1970, le Conseil provincial lui parle à mots couverts d’une nomination en France. Il aimerait avoir des précisions, car, écrit-il avec un brin d’ironie, « Vous pouvez facilement penser que rester en France ou rejoindre Sinfra à l’issue de mon congé modifie pas mal de projets pastoraux, et plus prosaïquement financiers et vestimentaires. » (03/03/70) Mais il ajoute à la fin de cette lettre : « De toute façon, je reste à la disposition de la Société, et prêt à accomplir la mission confiée, avec la grâce du Seigneur. » Alors ses supérieurs précisent : « Le Conseil provincial a rendu officielle votre nomination comme économe de la maison de Chamalières. […]Comme l’année spirituelle est suspendue en 1970-1971, faute d’effectifs suffisants, le Conseil provincial vous demande également d’assister le père Guéret dans sa responsabilité de développer un mouvement d’animation missionnaire dans la région de Clermont et au-delà. » (09/05/70) Pour la présence dans les foires, il apprécie l’aide apportée par les pères de la région pendant leurs vacances. Le retour des aspirants à la rentrée de 1971 lui permet de confier à certains des responsabilités « maison » et de se libérer ainsi un peu pour l’animation.
Laissons-lui encore la parole avant son nouveau départ pour l’Afrique : « En août 1973, trois années seront passées à Chamalières. Alors je demande à retourner en Côte d’Ivoire, à Daloa. J’ai envie de revoir Gouro et Bété, de cesser de jouer au père nourricier entre deux foires expositions, envie de replonger dans un ministère de brousse, loin des chiffres, des comptes, des marchés aux odeurs trop occidentales. […] L’objection de mes parents ? Il n’y en a pas de leur part. Missionnaires, ils le sont certes plus que moi. Ils envisagent mon nouveau départ avec un grand esprit de foi, et lucidité, même si cette séparation doit être définitive sur cette terre. « (04/11/72) L’année suivante, l’une des premières décisions du nouveau Conseil provincial lui permet de retrouver la Côte d’Ivoire. Il est à Bouaflé avec Henri Neau et Marcel Dussud. En 1976, Mgr Rouanet, démissionnaire, est remplacé par Mgr Coty : ce dernier nomme alors le père Cocho responsable de la cathédrale de Daloa (église du Christ-Roi).
Mais la ville est trop grande pour une seule paroisse. Autour de l’église Saint-Joseph construite quelques années auparavant par le père Veillard, est ouverte une nouvelle paroisse dont la direction est confiée au père Elie ; il est secondé le père Charles Tranvouez : « Près de 50.000 habitants, […] quartier très populaire, […] les chrétiens sont nombreux. C’est au hasard des rencontres que l’on apprend que celui-ci ou celle-là sont chrétiens. Beaucoup d’entre eux sont originaires d’autres régions et par conséquent sont un peu perdus dans une grande ville Enfin, tout doucement, grâce à notre présence pour une faible part, et surtout grâce à l’apostolat de laïcs qui n’ont pas peur de se déclarer chrétiens, la communauté paroissiale se forme et démarre. » (19/12/77) Il ajoutera l’année suivante : « Sur la paroisse Saint-Joseph, la diversité des ethnies ne favorise pas tellement le travail pastoral. C’est le problème des villes : pas d’unité de quartier, puisque dans une même rue, la nôtre par exemple, je trouve Agni, Abé, Gouro, Mossi, Attié, wobé, Béninois, Togolais, Niaboua, Bété, Baoulé… » (28/12/78)
Il a en même temps la charge des finances de l’enseignement sur le diocèse : « A mon travail sur la paroisse, s’ajoute la responsabilité des finances diocésaines de l’Enseignement. Cela me procure la joie de revoir pratiquement tous les confrères du diocèse et d’user mes pneus sur toutes les pistes pour rejoindre toutes les écoles, et quelquefois, hélas, sanctionner certains agissements peu honnêtes de la part de tel ou tel directeur. » (19/12/77)
En 1979, il devient responsable du CAD (Centre d’accueil de Daloa) et chargé de rédiger les demandes de subvention aux divers organismes qui financent des projets. Au CAD, il y a 9 chambres de passage et les prêtres de Daloa et les passagers y viennent prendre leurs repas. Il s’emploie à y organiser le secrétariat de l’évêché avec archives et autres services. A défaut d’avoir un service pastoral régulier, il est un peu la roue de secours pour ses confrères en paroisse. Il peut ainsi rendre service dans les communautés, et dans les chapelles de brousse, à la demande des curés de la ville. Dès l’année 1980, le Conseil provincial le contacte pour, éventuellement, lui confier le poste de procureur provincial, mais après une année sabbatique. Il donne son accord disant que « avant d’être lié à un évêque, nous le sommes d’abord à la Société » (30/05/80). Il ajoute que son départ de Daloa ne posera pas de problèmes : D’ailleurs, je ne me suis jamais fait d’illusions sur le caractère irremplaçable de chacun. A part le Christ, qui peut se vanter de faire ou d’avoir fait un travail ou un sacrifice impossible à un autre ? Sur cette réflexion si profonde que j’en demeure surpris, je… » (26/09/80).
En ce qui concerne l’année sabbatique, il écrit : « En vieillissant, je vois bien que la théologie est loin et que les enseignements de nos bons professeurs ont besoin d’un coup de plumeau. D’autre part, spirituellement cela ne peut faire de mal. Donc toujours d’accord ». Il propose de passer cette année au séminaire du Puy : il serait ainsi près de ses parents qu’il pourrait visiter souvent pour leur plus grand bonheur et cela permettrait aussi à la Province de faire des économies. Il propose seulement… Finalement, il donne son accord pour la quinzaine spirituelle de Mortain, puis l’année de Fontenay. Mais Fontenay étant fermé, la Province l’inscrit à l’AFM. (Année de Formation aux Ministères) A cette nouvelle, il écrit une longue lettre où il dit qu’il est « réticent, très réticent à participer à cette année de l’AFM. Trop de rigidité ne me plaît pas. Je pense qu’il est temps de trouver une autre solution. » Le Conseil lui propose alors le recyclage « nouvelle formule » : résidence au 150, des cours à la demande et à la Fac, la seconde session de l’Arbresles, un mois dans un monastère… Il répond qu’il est à l’aise dans cette perspective régionale.
Il revient au 150 un peu plus vite que prévu, et repousse à plus tard le temps de reprise spirituelle dans un monastère, car il est nommé en 1982 procureur provincial et vice responsable de l’imprimerie ; il est même choisi pour être le vice supérieur de la communauté. Cette nomination valable pour trois ans est prolongée d’une année. Finalement, sur sa demande, en mai 1986, il est remis à la disposition du régional de Côte d’Ivoire. Le voilà maintenant vicaire à Issia avec le père Pageaud comme responsable et le père Cailhoux« qui tient le coup et reste branché sur tous les arbres, végétaux, fruits de la création, sans oublier les animaux à plumes, à poils et sans plumes ni poils. […] Je continue de tourner dans les 21 communautés de mon secteur et viens de terminer une retraite de 3 jours pour les 15 baptisés de Pâques, dans ce coin. » (04/04/87). « En totalité, la paroisse compte environ 60 communautés, toutes très certaines d’être la seule importante et nécessitant l’unique attention du clergé. »
Rester disponible pourrait être sa devise. En effet, son évêque a besoin de quelqu’un pour être responsable à Sinfra et Elie accepte en 1988 de retrouver ce poste où il a déjà travaillé comme vicaire 20 ans auparavant. Il est avec le père Henri Neau avec lequel il est facile de s’entendre : Pour la communauté apostolique modèle, il faut faire comme dans la musique, mettre les bémols où il faut. On essaie de faire avec. […] On a fêté dans la paroisse les 25 ans de sacerdoce de notre Henri (Neau). Les paroissiens se sont défoncés. Belle fête à l’église, belle fête de famille. Même les retardataires à la messe étaient à l’heure au repas communautaire. […] Je vous dis ma disponibilité pour un nouveau service en France. Cela fait partie de mon C.V. » (13/07/92) Peut-être cette dernière phrase lui est-elle dictée par la fatigue ? En effet, il ajoute : « Et puis le poids des ans… et une paroisse toujours aussi grande qu’en 1968 avec une population qui a quintuplé avec le même responsable et 26 ans de plus. […] Franchement, même sans partir sur un char de feu comme mon saint patron, je suis prêt à laisser mon manteau à un autre… » (03/07/92)
En 1993, il quitte définitivement l’Afrique et se retrouve comme économe et procureur dans la communauté de Baudonne. Il va y passer 6 ans. Sa nomination précise : « Cette communauté est communauté d’accueil. […] Tes fonctions consisteront à prendre la comptabilité de la maison, la procure ; tu seras chargé des achats, de l’entretien de la maison. […] Avoir une activité pastorale sur le secteur est certainement à prévoir ; ce serait un grand bien et le clergé autochtone doit être preneur. » (26/04/93) Chaque année, il participe activement aux camps organisés par la maison pour les jeunes du secteur. A la fin de ces six années, il écrit : « Oui, j’aimerais bien souffler un peu, changer d’air et surtout retrouver quelques repères modernes après toutes ces années de service sans trop de décapage » (05/02/99).Une petite lettre de juillet 1999 annonce que la catho de Lyon a accepté sa candidature à la formation des six semaines, comme le Conseil lui avait suggéré d’en faire la demande. Ensuite, il va rester au 150 et occupera divers services.
En 2000, officiellement il est nommé à l’accueil à la porterie : il partage ce service avec d’autres confrères. Il passe aussi beaucoup de temps à ranger la bibliothèque de la maison, en particulier la partie réservée aux archives sma. Assez rapidement, les archives sont rangées dans un local à part et, tout naturellement, Elie est nommé archiviste de la maison du 150. Il devra « contrôler toute demande de consultation d’archives, et ensuite ajouter, au jour le jour, les nouvelles publications qui doivent y prendre place. S’occuper des archives est un travail discret, mais néanmoins très important. Nous te remercions d’accepter cette charge supplémentaire » (21/06/02). Accueil, archives, quelques services pastoraux, des visites régulières à sa famille jusqu’en novembre 2009 où il subi un triple pontage ; à la suite de l’opération, il perd momentanément l’usage d’un bras, sans doute en raison d’un AVC. Il ne s’en plaint pas, mais cela rend son travail plus difficile. Il est alors envoyé à la maison de retraite où il va passer les 5 dernières années de sa vie dans le calme et la discrétion, sans se faire remarquer, sinon parfois par des réflexions ou des mots d’esprit dont il était un peu coutumier.
Ses deux neveux et sa « frangine » (voir son témoignage plus bas) le visitaient régulièrement. Ils se rendaient compte que sa santé faiblissait. Ils s’étaient annoncés pour venir passer un week-end à la fin de septembre 2014. Quelques jours auparavant, Elie a été conduit à l’hôpital pour des examens et le lendemain même de son admission, il est décédé à la surprise générale. Toute sa famille et ses proches étaient là pour son enterrement. ___________________ Il n’avait qu’un frère et pas de sœur, mais il avait une « frangine » Le témoignage de Jeannine sa « frangine » « Nous voilà réunis une dernière fois auprès de toi Elie. Tu étais mon « Frangin » ; pas même père, pas même mère, mais même « marigot » comme tu aimais le dire. Nous partagions une vieille amitié ; des années de notre enfance au Puy, le vélo, la luge à Roche Arnaud. Puis nous nous sommes retrouvés à Lyon lorsque tu étais séminariste au 150. Après ton ordination ce fut le départ en Cote d’Ivoire pendant de nombreuses années. Lors de tes congés tu as toujours été présent à tous les moments importants de ma vie : communions, mariages, baptêmes de Chloé et Maëlle, mes arrières petites-filles. Présent aussi dans les moments difficiles, pour le départ de Michèle et Jean, mes enfants. Ces dernières années ont été plus difficiles mais je crois que tu t’étais bien habitué à Montferrier. Je remercie au passage toutes les personnes qui t’ont entouré avec beaucoup de dévouement. Merci Elie pour toute l’amitié que tu m’as témoignée ainsi qu’à tous ceux de ma famille. Je repense souvent à ce que tu m’as dit lors d’une conversation sur l’au-delà où je manifestais mes doutes ; tu m’as répondu : Dieu est Amour. Nous ne t’oublierons pas Elie. » Jeannine |